mardi 28 octobre 2008

Sans titre

j'ai la nuit plurielle
et Dieu n'est plus
le ciel s'encombre
erre ton cadavre



poème étrange. on ne dirait pas qu'il vient de moi. louche.

lundi 27 octobre 2008

Ton gant - incomplet

C’est l’automne et tu as oublié de reprendre tes gants qui dorment sur mes cuisses qui ne dorment pas, ancrées sur la chaise où tu m’as demandé de reprendre la vie où elle s’était arrêtée avant ta venue mais hier tu m'as embrassée alors les gants sur mes cuisses empêchent la journée de continuer. Dehors, tes jointures sont rouges.

dimanche 19 octobre 2008

Asymptote

Ça y est. Elle s’est assise à ma gauche. Nos deux corps forment deux lignes presque parallèles. Nous longeons la même abscisse, condamnées à ne jamais se croiser. Sa seule présence entraîne une mutinerie de ma constitution. Mon organisme entier se presse contre mon flanc gauche. Une immense force dirigée vers chaque centimètre de sa peau. Atomes par atomes, vers elle.

Mais non.

Le regard obstinément tourné vers le téléviseur, ma façade demeure immuable. Mes tripes ont beau se mettre à délirer, je sais qu’il ne se passera rien. Un cratère d’ambiguïté nous sépare.

Je dois me concentrer sur le film. Mes yeux fixés à l’écran, je tente de focaliser, de me recenter les organes. Peine perdue. Les images, les mouvements, les sons, tout m’agresse. J’en ai la nausée. Je tourne ma tête vers elle. C’est pire. J’ai envie de vomir notre silence. Sa dénégation. J’ai besoin de répandre notre histoire partout sur le plancher, qu’elle soit obligée la regarder en face, d’en observer la pourriture, et peut-être enfin, me regarder, moi.

Je repose mes yeux sur la télévision. Il n’y aura pas de déversement ce soir. Encore une fois, j’ai esquivé la confrontation. Le moment n’a pas été régurgité, il est trop tard.

Elle se lève, traverse mon regard nauséeux. Son odeur flotte un moment autour de moi, puis s’efface. Alors seulement je parviens à tourner la tête, et la regarder disparaître dans le couloir. Je peux prévoir secondes par secondes, gestes par gestes, ce qu’il se passera ensuite. La répétition incessante d’un mauvais rêve. Elle sortira de la salle de bain. Je lèverai mes yeux vers son visage qui, lui, fuira le mien. Elle se replacera à ma gauche, toussera, rangera sa frange de cheveux indisciplinés derrière son oreille droite, si indifférente au branle-bas de combat qu’elle déclenche en moi.

Ça y est. Elle s’est rassise à côté de moi.

Tout peut recommencer.

mardi 14 octobre 2008

Le banc

Mes pieds fourragent la terre que tu nous as refusée parce que tu avais peur des failles. Surtout celles que creusaient nos ventres.Et mon corps engraisse le bois poli.

Coin Greene et Sainte-Catherine

En parcelles agglomérées, le ciel tombe sur Montréal. Première tempête de l’année. Il sait combien je ne supporte pas les premières neiges. Combien elles me donnent envie de me nicher au creux de ses aisselles et d’y attendre la fin. Mais debout dans son entrée, avec ma gueule de bonhomme de neige du tiers-monde, je le regarde se croiser les bras. Me dire d’oublier les premières neiges. Que, cette fois, l’hiver ne finira pas.

Je fixe la pointe de mes souliers sombrer dans un océan de neige fondue. La porte a claquée. La lumière du porche s’est éteinte. L’orange des lampadaires me remplit la gorge et le mois de décembre me rentre dans le corps. À coups de vent dans les larmes. Il a fermé la porte. M’a exclue jusqu’au dernier sourire.

Accident au coin de Greene et Sainte-Catherine. Bien fait. Je ne serai pas la seule dévastée ce soir.

samedi 11 octobre 2008

Le café a figé

La lumière de la cuisine s’engouffre dans ta tasse rose au bord du comptoir et mes ongles pianotent le bois que tu ne voulais jamais cirer tant tu craignais de me fixer au rainures de me perdre dans les nœuds et le soleil se noie toujours dans ton café froid que tu ne finissais plus.La porcelaine est cernée. De la tasse à mes joues.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
On pourrait se dire: à quoi bon continuer, la courbe ne rejoindra jamais l'axe. Moi je dis: on s'en fout. Alors, faute de mieux, je tends vers.