mercredi 29 septembre 2010

Tes papiers militaires me taisent l'horreur des tranchées. La chair de ma chair, amputée. Pardonne-moi. J'ai oublié. Je n'ai jamais su. Je suis née trop tard. Je suis née trop loin. Encombrée d'un bras gauche qui ne sait qu'inventer ton présent.

À un certain moment, tu verras, ils ne sauront ni ton côté de l'Atlantique ni le mien. L'embrun n'aura pas terni leurs aubes d'enfant. Tu auras beau leur raconter les châteaux de sable aux douves éphémères et le noir de l'eau la nuit qui donne presque l'envie d'aller s'y.
Leurs rivages seront de forêts et de terres arables. À un certain moment, tu verras, nos enfants ne sauront plus qui ils sont.

jeudi 23 septembre 2010

Quand les Bretonnes mettent les pieds à l'eau le large n'est déjà plus fait d'horizon. Elles disparaissent, étales sur l'océan, devenues les courbes du ressac qui fera trembler à marée montante les maisons aux pierres endormies.
Les photographies doivent redevenir métaphores. Qu'elles ne se contentent pas de se tenir là, passives, mais qu'elles se fassent récit en devenir.

mercredi 1 septembre 2010

le matin du départ elle a oublié l'odeur de terre séchée sur leurs joues elle les a réveillés d'une serviette d'eau froide sur le visage les a lavés de leurs souvenirs de demain
.
elle ne les borde jamais avec des histoires elle dessine pour eux un avenir sans mémoire mais comme elle n'a que ses souvenirs au travers de la gorge elle se tait ferme l'interrupteur les enfants supplient papa raconte-nous le Congo, toi
.
les matins où ils sont tous partis pour l'école elle se rendort parfois au jardin le transat sous le lilas les pieds au soleil elle se rappelle les crépuscules brûlants de Kinshasa
tu quittes les terres qui t'ont vu naitre tu n'es déjà plus de ces boisées humides de ces falaises invitantes les garçons ne deviennent jamais des hommes en Bretagne tu pars vers l'autre côté où il est encore possible d'apprendre ne reviens que lorsqu'il n'y aura plus que les éoliennes sur la lande.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
On pourrait se dire: à quoi bon continuer, la courbe ne rejoindra jamais l'axe. Moi je dis: on s'en fout. Alors, faute de mieux, je tends vers.